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Chez Sylvania
25 février 2014

Familiarité mensongère


Parfois je m’interroge sur les bienfaits et les défauts d’internet à mon niveau.
L’ermite que je suis apprécie ce lien avec le monde, ce dernier contact avec la réalité et l’extérieur. La phobique des contacts humains « réels » se réjouit de réussir à nouer de nouvelles amitiés, de retrouver le plaisir d’une camaraderie simple et innocente. Quant à la fan de F1, elle se gorge de toutes les infos qui circulent, photos et actualités, pour vivre sa passion à fond.
Que du bonheur me direz-vous.
Mais internet a aussi des effets pervers, dévastateurs même dans mon cas.
D’abord le monde virtuel est tout aussi cruel, voire même plus, que le monde réel, bien à l’abri derrière l’écran de son ordinateur. Dans la réalité, il y a longtemps que je n’attends plus rien de personne, mais internet a rallumé un espoir en moi, une attente qui ne peut être comblée. Cruelle désillusion quand vous vous mettez à nu dans vos textes et que personne ne daigne les lire...

Mais le pire à mes yeux, c’est sans doute cette impression de familiarité que vous avez avec certaines personnes que vous « suivez » via les réseaux sociaux ou les forums. Vous lisez leurs messages, vous suivez leur vie à distance avec l’impression de les connaître aussi bien que des amis alors que vous ne leur avez jamais adressé la parole.
Oh, je ne parle pas de célébrités – pilotes de F1 dans mon cas, même si je continue de traquer toutes les infos sur mon australien préféré – mais de ces personnes comme vous et moi qui ont juste ce petit quelque chose en plus qui vous attire ou vous touche.
La timidité et l’expérience, échecs précédents et manque de confiance en vous, vous empêchent de faire un pas vers eux, de leur faire savoir à quel point leurs interventions sont attendues et appréciées. Pourtant, plus le temps passe et plus vous avez l’impression qu’ils font réellement partie de votre vie. Une familiarité à sens unique.
Et vous commencez à vous demander si vous ne devriez pas oser. Vous passez par les mêmes tourments qu’à l’adolescence avant votre premier rendez-vous, cœur battant et mains moites. Vous hésitez, peut-être... peut-être pas. Qu’avez-vous à offrir ?
Et puis un jour, vous en avez assez de tergiverser, de vivre sans oser. Alors vous vous fendez d’un texte soigneusement pensé dans lequel vous mettez tous vos espoirs, tous vos fantasmes aussi, ceux que vous n’osez révéler à personne en dehors de votre oreiller, ce rêve de toucher une personne avec vos mots.
Et l’attente commence... Les jours passent sans réponse et l’espoir s’amenuise. Vous n’y croyez plus.
Quand la réponse arrive enfin, une réponse que vous avez provoquée par une autre poussée d’adrénaline, c’est comme si le monde s’illuminait d’un coup. Vous avez l’impression que vos espoirs sont enfin récompensés, que vous existez aux yeux de personnes qui comptent pour vous. Sauf que tout s’arrête là. Fin de l’histoire et des espoirs.
Vous ne vous rebellez même pas. Qui aurait pu deviner la main tendue et les attentes derrière vos mots ? Qui aurait pu déceler ce que vous avez tu ? Qu’avez-vous à offrir ?
Vous retournez à votre quotidien sans amertume, dissimulant vos regrets derrière la façade habituelle. De toute façon, personne ne les verra jamais. Mais même cette désillusion ne peut vous éloigner de ces personnes, vous continuez de suivre leur vie et leurs interventions à distance avec autant de passion... peut-être même plus. Tout ça parce qu’ils touchent une partie de vous que vous ne pouvez partager avec qui que ce soit d’autre... et peut-être un peu aussi parce que vous fantasmez sur une voix, même si pour rien au monde vous ne l’admettriez.

Isolement physique, solitude morale, tempérament rêveur... un cocktail surprenant qui m’amène à écrire ces lignes.
Oui j’ai conscience que je me projette dans mes fantasmes parce que je n’ai plus le courage d’affronter le monde réel. Oui je sais que je cours au-devant d’échecs programmés pour me conforter dans ma spirale négative.
Les rêves sont tout ce qui me reste, sans danger puisque irréalisables. Pourtant je continue d’espérer, naïve que je suis.
Et ce soir je serai présente comme à chaque fois depuis cinq mois, faisant acte de présence mais non de participation, espérant qu’ils seront là pour illuminer ma soirée de leur passion, de leurs interventions, de leur humour... avec ce sempiternel pincement au cœur de ne pas oser les approcher, de ne pas pouvoir les côtoyer.
Qu’aurais-je à leur offrir ?

 

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