Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Chez Sylvania
9 août 2015

7. Un soutien amical

Dans le train qui la ramenait vers la capitale – la jeune femme n’avait pas eu le courage de demander à sa mère la permission d’attendre l’arrivée d’un taxi chez elle – Irina ruminait de sombres pensées.
Indifférente au paysage urbain qui défilait par la fenêtre, elle ne pouvait s’empêcher d’entendre résonner à ses oreilles les paroles froides avec lesquelles sa mère avait anéanti ses espoirs de retrouver la chaleur d’un foyer. Quel contraste avec l’accueil amical et visiblement sincère de son époux. Mais ce dernier se serait-il montré aussi prompt à l’inviter si Nikki ne lui avait pas caché qu’elle était en réalité sa fille, et non sa nièce ?
Tous ces mensonges, choquants pour la jeune femme honnête qu’elle avait toujours été, se bousculaient dans sa tête et c’est le cœur gros qu’Irina sortit de la station de métro située à deux pas de son studio.
Quelques minutes plus tard, dans l’ascenseur de son immeuble, la jeune femme hésita devant le tableau de commande des étages, partagée entre son désir de rentrer cacher sa tristesse chez elle, roulée en boule sur son canapé, et une envie subite de confier ses malheurs à son meilleur ami, de profiter de son épaule compatissante. Elle avait tant besoin de réconfort à cet instant.
Les portes de l’ascenseur se fermèrent dans leur grincement habituel. Irina appuya finalement sur l’un des boutons, avant de s’adosser contre la paroi de la cabine et de fermer les yeux.
Sortant de l’ascenseur quelques étages plus haut, la jeune femme traversa le palier et se dirigea lentement vers la porte située de l’autre côté. Après une hésitation, elle frappa et attendit, le cœur lourd, espérant que Fabien se trouvait chez lui à cette heure inhabituelle.
Une poignée de secondes plus tard, la porte s’ouvrit sur le visage souriant de son ami.
- Irina ! Salut, je pensais pas te voir aujourd’hui ! s’écria-t-il avec bonne humeur.
- Je ne te dérange pas ?
- Mais non, pas du tout. Je regardais un match de foot à la télé. Tu veux entrer ?
- Tu as le cœur à m’entendre me lamenter sur mes malheurs ? soupira la jeune femme avec un reste d’incertitude.
- Oooh… Toi, tu reviens de chez ta mère, devina Fabien devant son visage morose. Allez viens, j’ai de la glace au chocolat dans le freezer, ça te fera du bien.
- Ben, je n’ai pas trop faim pour le moment, fit Irina en suivant son ami dans l’appartement, mais peut-être plus tard.

Assise sur le confortable canapé, ses mains jouant machinalement avec le fil d’un coussin, la jeune femme entreprit de confier à son ami ses déboires de la journée.
- Alors, elle se doutait vraiment de rien ? remarqua le jeune homme, au moment où Irina lui racontait comment elle avait finalement annoncé son identité.
- Non, elle n’a même pas remarqué notre ressemblance, fit la jeune femme dans un soupir.
- Tu ne peux pas lui en vouloir. Après tout, toi non plus tu ne te doutais de rien avant que je te le dise.
- Mais j’étais en face d’elle ! Elle aurait dû le voir ! J’aurais tellement voulu qu’elle s’en aperçoive d’elle-même… Je sais, c’est complètement irrationnel, mais je pensais que… enfin, je ne sais pas ce que je pensais, mais j’ai été tellement déçue de son indifférence !
- Attends, elle te prenait pour la secrétaire d’un notaire, lui rappela Fabien. Elle n’allait quand même pas s’effondrer devant toi, même à l’annonce de la mort de sa mère. C’est une personne connue, elle peut pas se permettre ce genre de comportement devant le premier venu.
La vraisemblance des arguments de Fabien frappa la jeune femme, estompant sa tristesse un court instant, avant que la réalité ne reprenne ses droits.
- De toute façon, même quand elle a su que j’étais sa fille, elle n’a pas été plus émue. Tout ce qui la préoccupait, c’était de savoir si tu n’allais pas te servir des informations que tu avais trouvées sur elle pour ternir sa précieuse réputation ! s’emporta-t-elle avec fureur. Et quand son mari est arrivé, elle n’a rien eu de plus pressé à faire que d’essayer de se débarrasser de moi le plus vite possible !
- Je comprends, ça doit être dur pour toi, fit Fabien avec gentillesse. Elle est loin de ressembler à l’image que tu te faisais d’elle.
- Et encore, je ne t’ai pas raconté le pire, soupira Irina, sa colère déjà évaporée au souvenir de cette dernière humiliation.
- Parce qu’il y a pire que son indifférence ? s’étonna Fabien.
- Tu n’imagines même pas, fit la jeune femme dans un sanglot qu’elle ne put retenir. Elle… elle a osé prétendre que j’étais sa nièce ! Tu te rends compte, elle a dit à son mari que j’étais sa nièce !
À ces mots, Irina fondit en larmes, submergée par l’intensité de tout ce qu’elle avait vécu depuis le début de cette journée. Posant maladroitement une main sur l’épaule de son amie, Fabien garda le silence tant que dura cette crise, pressentant que la jeune femme avait besoin d’évacuer ce trop-plein d’émotions.
Petit-à-petit, le flot de larmes se tarit. Irina finit par sortir un mouchoir de son sac pour essuyer ses joues humides.
- Je suis désolée, s’excusa-t-elle d’une petite voix, mal à l’aise de s’être donnée ainsi en spectacle.
- De quoi ? Il n’y a pas de honte à pleurer devant un ami. Tu as eu une rude journée, c’est pas étonnant que tu craques.
- Merci, bredouilla la jeune femme, à nouveau émue jusqu’aux larmes par la gentillesse de son ami.
Ne sachant trop que faire pour la consoler, Fabien l’attira contre lui et la serra dans ses bras dans une étreinte amicale.
- Là, là, fit-il tout en lui caressant gauchement les cheveux, ça va aller, tu verras.
Les jeunes gens restèrent ainsi enlacés quelques minutes, Fabien n’osant bouger de peur de rompre le charme de cet instant et Irina puisant dans cette étreinte une force nouvelle.
- Tu es trop mignon avec moi Fab, murmura finalement la jeune femme en s’écartant doucement de lui. Je ne sais pas comment te remercier.
- Pourquoi pas en partageant avec moi ce fameux pot de glace ? lui proposa alors son ami, allégeant l’atmosphère d’une plaisanterie.
Irina ne put s’empêcher de rire à cette idée.
- Je crois que je vais me laisser tenter, finalement, dit-elle dans un sourire.

C’est ainsi que quelques minutes plus tard, les deux amis étaient installés à la table de la cuisine, une petite cuiller à la main et un gros pot de crème glacée au chocolat posé entre eux.
- Tu as eu raison d’insister, fit Irina ravie, la bouche pleine. Elle est délicieuse cette glace !
- Ah, c’est le remède idéal pour soigner les peines de cœur et se remonter le moral. J’ai appris ça dans une série à la télé.
Les jeunes gens se sourirent amicalement.
- J’imagine que tu vas tourner la page, maintenant ? interrogea Fabien, ramenant la conversation sur son sujet initial.
- Peut-être… hésita-t-elle.
- Peut-être ? s’étonna le jeune homme. Ne me dis pas que tu as l’intention de retourner voir cette femme ?
- Et bien, en fait, son mari m’a invitée à dîner la semaine prochaine, expliqua Irina, qui n’avait toujours pas décidé si elle devait ou non accepter cette invitation.
- Et ta mère est d’accord avec ça ? Après tout ce que tu m’as raconté sur elle ?
- Bien sûr que non, elle faisait tout pour m’inciter à refuser.
- Et tu veux quand même y aller ? insista Fabien, curieux de comprendre les raisons qui motivaient son amie.
- Je ne sais pas… Victor Lacroix s’est vraiment montré très accueillant et je… je serais curieuse de savoir si c’est vrai que ma mère ne lui a jamais parlé de moi, fit Irina, réfléchissant à haute voix. Mais je me connais, je ne crois pas que j’aurai le courage de me trouver à nouveau face à… à elle.
- Tu vas la laisser décider pour toi, alors ? fit Fabien avec intelligence.
- Comment ça ?
- Ben, visiblement elle refuse de te reconnaître comme sa fille, du moins devant son mari.
Irina hocha silencieusement la tête, sa gorge se nouant une fois de plus à cette idée.
- Et tu n’as pas envie de savoir pourquoi ? De lui forcer la main ?
- Oh non, je ne crois pas que je pourrais faire ça ! protesta la jeune femme. En plus, elle est célèbre. Si elle ne veut pas que je l’approche, il lui suffit de donner des ordres à ses domestiques.
- Alors saisis cette occasion en allant à ce dîner ! Elle ne pourra pas s’y opposer vu que c’est son mari qui t’a invitée. Tu n’en auras sans doute plus la possibilité après.
- Tu n’as pas vu comment elle s’est débarrassée de moi ! argua Irina. Je n’aime pas me sentir indésirable et c’est ce qui va se passer si je me pointe à ce dîner.
- Et alors ? insinua le jeune homme. Tu n’en mourras pas ! Moi je laisserais pas tomber sans me battre !
- Je ne sais pas, c’est trop frais dans ma tête pour le moment… J’y réfléchirai dans quelques jours.
- Ne laisse pas passer ta chance, insista Fabien.
- À t’entendre, on dirait que c’est pour toi que c’est important, remarqua alors son amie.
- Mais non, qu’est-ce que tu veux que ça me fasse ! protesta le jeune homme en souriant. C’est pour toi que je dis ça, tu es montée à Paris pour la rencontrer, pour renouer avec elle, et tu te laisses décourager par le premier petit incident qui se met en travers de ton chemin.
- Oh ben quand même, ce n’est pas rien.
- Non, mais c’était prévisible. C’est pour ça que tu dois persévérer et saisir cette chance qui t’est offerte de lui permettre de faire connaissance avec toi. Elle ne te connait pas. Pour le moment tu es juste un inconvénient pour elle. Mais si elle découvre à quel point tu es une fille bien, elle changera d’avis.
Touchée par les paroles de Fabien, Irina se sentit rougir.
- Merci Fab, tu es un amour.
- Oh ben non, quand même pas, fit le jeune homme gêné, se passant une main dans les cheveux pour dissimuler sa nervosité.
Les jeunes gens échangèrent un nouveau regard complice et éclatèrent de rire en chœur.

Plus tard dans la soirée, alors qu’elle rangeait quelques bricoles qui traînaient dans son studio avant de se mettre au lit, Irina se fit la réflexion qu’elle avait vraiment eu beaucoup de chance de tomber sur Fabien à son arrivée sur Paris. Elle qui avait toujours entendu dire que les parisiens étaient des gens pressés, stressés et peu serviables !
Depuis qu’elle l’avait rencontré, il était comme un ange gardien pour elle. Lui redonnant courage quand elle perdait confiance. La consolant de ses chagrins. L’épaulant activement dans tous ses projets. La faisant rire pour la détourner de ses idées noires. Partageant ses délires quand elle avait le cœur empli de joie.
Et jusqu’à présent, il s’était toujours montré de bon conseil.
Cela voulait-il dire qu’elle devait l’écouter une fois de plus et se rendre à ce dîner ? Irina ne savait plus où elle en était après cette journée.
Pourtant, tout au fond d’elle-même, elle savait pertinemment que si elle n’avait pas refusé d’emblée cette invitation, c’était parce que la petite étincelle d’espoir brillait encore faiblement en elle. Oh, bien sûr, sa mère l’avait piétinée allègrement, tentant de l’étouffer de ses remarques glaciales. Mais Irina avait tellement rêvé de cet instant depuis qu’elle était en âge de comprendre ce qu’elle avait manqué qu’il lui était difficile de renoncer.
C’est sans doute pour cette raison que quelque jours plus tard, elle ressortit la carte de visite de Victor Lacroix et la contempla comme si le choix qu’elle allait faire allait engager le reste de sa vie.
Prenant une profonde respiration, la jeune femme alluma son téléphone portable et tapa rapidement le numéro inscrit sur la carte, de peur de ne plus jamais en avoir le courage.
- Résidence Lacroix, lui répondit la voix compassée du majordome.
- Bonjour, je suis Irina Pelletier, la… la nièce de madame Lacroix. J’appelle pour confirmer ma présence au dîner de vendredi prochain.

 

Sommaire de la fiction
Chapitre précédent                                                  Chapitre suivant

 

Publicité
Publicité
Commentaires
A
Ben dit donc elle a quand même du courage pour prendre la décision d'aller à ce dîner ! Moi à sa place j'aurai fui lol et pourquoi pas avec le gentil Fabien loll
P
Coucou ma N'Auteure ;-) <br /> <br /> <br /> <br /> Yessss yessss yessss c'est ce que je voulais, c'est bien Irina " tu m'as écoutée " heuuuuuu en fait c'est ma N'Auteure qui m'a écoutée, on va plutôt écrire 📝 mon Ecrivaine a fait comme elle voulait, c'est son livre après tout hein lol ;-) :-D <3 mais je suis heureuse que ça rejoigne mon avis. <br /> <br /> <br /> <br /> Ha ha ha Irina personne ne peut résister à une bonne glace au choc puis il y a Fabien :-D :-) <br /> <br /> Moi je vous dis ces deux là vont rester ensembles.... Mdr 😁 hiiiiiii <br /> <br /> <br /> <br /> J'ai hâte à ce repas 🍴 ce serait bien que Irina dise à voix haute " je ne suis pas sa nièce je suis sa FILLE " <br /> <br /> Aïe aïe aïe... <br /> <br /> <br /> <br /> À bientôt.....<br /> <br /> <br /> <br /> Gros Bisous 💚💛<br /> <br /> Syl
Chez Sylvania
Publicité
Albums Photos
Newsletter
Publicité