La prunelle de mes yeux
Ce soir je viens de prendre un gros coup au moral.
J’ai rendu les armes, réalisé qu’il était dangereux pour moi de continuer à prendre le volant.
Des mois que je me rends compte que ma vue baisse, que je navigue de plus en plus dans le brouillard. Que ce n’est plus seulement de la myopie, qu’il y a autre chose.
J’ai vu l’ophtalmo il y a un mois. Je n’ai même pas été surprise par le verdict. Cataracte précoce due à ma grande myopie. Avec opération à la clé, forcément. Et depuis un mois je flippe… Même si je sais qu’à terme, je vais revivre.
L’opération du premier œil est prévue dans 5 semaines 1/2 – sauf changement dans le planning. Et psychologiquement je m’y prépare.
Sauf que je n’étais pas prête à « voir » ma vue continuer de baisser à une telle vitesse !
Ce soir comme tous les 15 jours, j’ai dû emmener ma fille chez son père. Et j’ai vraiment eu peur au volant… peur au point d’admettre que je ne suis pas seulement un danger pour moi-même, mais aussi pour les autres.
Alors je n’ai pas le choix. Pendant les semaines à venir, je vais devoir renoncer à prendre ma voiture. Quand on sait que je vis seule avec mon ado de fille, on sent tout de suite le problème.
Je fais comment pour aller faire mes courses, la récupérer au collège, l’accompagner à ses rendez-vous ou aller aux miens ? Déjà que je limitais nos sorties depuis quelques mois pour éviter de me retrouver sur la route, là ça va être la vraie vie en recluse à la maison, à dépendre du bon vouloir de ma mère – de 77 ans, quand même – pour jouer les chauffeurs.
Ça fait mal, très mal à mon indépendance…
Ça fait surtout très mal à mon moral de me sentir diminuée comme ça. De réaliser que j’ai même du mal à lire, mon dernier refuge.
J’ai peur. De l’opération. De dépendre des autres, même pour un temps limité.
Et ce soir je me sens seule avec cette envie de pleurer, avec ce désarroi qui m’oppresse.
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