Un goût amer
L’amitié virtuelle est fragile.
À quoi tient-elle ?
À une passion commune qui nous réunit.
À des moments complices devant l’ordinateur.
À des soirées de délires pour des broutilles, nous ramenant à l’innocence et aux fous rires de l’adolescence.
À des souvenirs que l’on construit chaque jour.
À l’éloignement qui s’efface devant la proximité de l’esprit.
À l’attention que l’on porte à l’autre, malgré les aléas de la vie, dans les bons comme les mauvais moments.
Aux confidences que l’on échange parfois sur un coup de tête ou un coup de déprime.
À la tolérance, à l’honnêteté, à la sincérité… comme dans n’importe quelle amitié.
Il est parfois des mots que l’on regrette, prononcés – ou écrits – sous le coup d’une émotion trop forte. D’autres que l’on regrette de garder pour soi pour ne pas faire de peine à l’autre.
Être ami, n’est-ce pas se montrer honnête l’un envers l’autre ?
Je ne vais pas mentir par complaisance, ce n’est pas dans ma nature.
Bien sûr, j’aurais pu faire le choix de me taire, de garder mon opinion pour moi. Mais à un moment, sans doute poussée par le respect que je porte à mes amies virtuelles, à celles que je considère comme des amies malgré l’éloignement physique, je me suis trouvée lâche de me fondre dans la masse pour ne pas faire de vague, niant par là mon opinion personnelle et les valeurs que je place derrière le mot « amitié ».
Alors oui, j’ai rompu le pacte de l’amie qui approuve tout ce que fait l’autre et encense chacune de ses créations. J’ai émis une critique, j’ai osé. Tenter d’y mettre les formes ne change rien au fond.
Ai-je eu tort ?
Je ne le pense pas. Même en sachant que je risquais de perdre une amie. Parce que je me suis interrogée sur ce que je ressentirais à la place de cette amie…
Oui, ça fait mal à entendre sur le coup. Mais je préfère une critique sincère à des compliments hypocrites. Après tout, on ne peut pas plaire à tout le monde et ça n’enlève rien à l’amitié que je porte aux personnes.
Alors pourquoi ce besoin de justification ? Pourquoi cette impression d’oppression dans la poitrine ?
Parce que ça fait toujours mal de voir une amitié se déliter.
Le silence est la pire des réponses…
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