Une page se tourne...
La fin d’une époque…
Comme elles me paraissent loin, les années où je suivais encore les courses de Formule 1 comme simple spectatrice occasionnelle, le dimanche après-midi. Les noms des pilotes m’étaient familiers parce qu’entendus régulièrement, mais j’aurais sans doute été bien en peine de poser un visage sur la plupart d'entre eux.
Vingt années se sont écoulées.
Vingt années qui ont vu défiler moins d’une dizaine de champions du monde.
Vingt années pendant lesquelles ma passion de la course automobile a grandi, s’est enrichie jusqu’à devenir envahissante… pour mon entourage essentiellement !
Aujourd’hui je navigue dans ces eaux avec une aisance qui me surprend parfois.
J’ai digéré des concepts techniques abscons avec une facilité déconcertante – surtout compte tenu de mes maigres connaissances en mécanique – j’ai vu défiler les changements de réglementations, les écuries qui apparaissent, changent de nom, disparaissent. Le plateau a évolué, s’est renouvelé, rajeuni… team managers, ingénieurs, pilotes surtout.
Les pilotes qui restent à mes yeux l’élément le plus important dans ce sport mécanique… le plus intéressant surtout, parce qu’incontrôlable, aléatoire.
Des coups de cœur sur la piste, j’en ai eu beaucoup au cours de ces 20 saisons. Évidemment. Je suis passionnée et excessive, je ne pouvais que m’emballer.
J’ai rarement aimé les plus populaires, ou les plus victorieux. Plutôt préféré les anticonformistes, les seconds couteaux. Pas toujours de manière rationnelle. Comme je l’ai écrit une fois « on ne choisit pas d'aimer un pilote - ou un sportif, un acteur, un chanteur, etc. - c'est comme tomber amoureux, ça nous prend par surprise sans explication rationnelle ».
Vivre une course en étant fan d’un pilote, c’est comme les pépites de chocolat sur un cookie, l’ingrédient essentiel pour en apprécier toute la saveur. Et j’ai pleinement savouré, surtout ces dernières années !
Les émotions que j’ai ressenties, l’excitation, la montée d’adrénaline à l’extinction des feux, l’euphorie, le désespoir, la peur parfois… Tout est tellement plus intense quand on se focalise sur un pilote. LE pilote. Celui que notre cœur a choisi. En dépit de tout ce qui se passe autour.
Un physique c’est vrai, mais avant tout un caractère. Une philosophie de la course. Agressif mais correct. Une grande gueule parfois, loin du moule formaté, loin du « corporate ». Un pilote à l’ancienne, comme on l’a entendu ici ou là.
La fin d’une époque donc…
Il a choisi de prendre sa retraite de la F1 au bon moment. Il part au sommet. Je n’aurais pas supporté de le voir se faire mettre à la porte comme certains, ou s’accrocher à des miettes comme d’autres.
Il n’a pas à rougir de sa carrière, de son palmarès. C’est un grand pilote. MON pilote. Pendant douze années de bonheur.
Et je suis reconnaissante à son écrasant coéquipier de ne pas lui avoir fait l’aumône d’une victoire dans sa dernière course. Une seconde place méritée, arrachée sur la piste, vaut mieux que toutes les victoires tronquées, truquées ! Il n’avait pas besoin de ça. Il vaut mieux que ça.
Il quitte la F1 pour l’endurance. L’année prochaine il courra sans doute plus près de chez moi qu’il ne l’a jamais été. Les 24h du Mans.
Il me manquera, il me manque déjà. Il manquera aussi au petit monde de la Formule 1.
La saison prochaine sera différente, pas seulement à cause de la nouvelle motorisation. Ce sera ma première saison libre, sans attache, « sans pilote fixe ».
Oh, j’aurai sans doute encore des favoris, mais avec son départ se tourne la page de cet enthousiasme délirant et incontrôlable devant mon écran de télévision.
Alors oui, il y a une part de moi qui est en deuil, qui pleure sincèrement la fin de cette époque. Mais la vie continue. La F1 continue, exaltante malgré tout.
La reprise du championnat sera dure, je chercherai sans doute son casque, par habitude. Il y aura ce pincement au cœur à ce premier départ sans lui. Mais le départ sera donné quand même et je suivrai le mouvement, par habitude… un peu par nécessité aussi, une nécessité vitale pour moi, pour la fan que je suis depuis toutes ces années. Même le passage sur une chaîne payante n’a pas refroidi mes ardeurs !
See you in 2014…